Dans le paysage dynamique du développement web et applicatif, les outils « no-code » ont émergé comme une solution prometteuse, rendant la création accessible à un public sans grandes compétences techniques. Cependant, malgré leurs avantages indéniables, ces plateformes présentent des limites qu’il est essentiel de comprendre afin d’exploiter au mieux les outils.
En effet, depuis une dizaine d’années, les solutions de développement sans code ont transformé la manière dont les entreprises approchent la création d’interfaces web et de processus applicatifs. Accessibles, collaboratives et rapides, elles promettent de mettre la puissance de la création entre les mains des collaborateurs sans bagage technique en programmation, et applicable dans multiples domaines. Cependant, à mesure que les projets grandissent et se complexifient, des défis apparaissent, notamment en matière de scalabilité, de personnalisation, et de dépendance vis-à-vis des plateformes. Heureusement, le secteur évolue rapidement, proposant des solutions innovantes pour prévenir et éviter ces obstacles.
Depuis toujours, les outils no-code ont été critiqués pour leur scalabilité parfois limitée, c’est-à-dire leur capacité réduite à gérer de grands volumes de trafic ou un nombre élevé d’utilisateurs. Cependant, cette perception est en train de changer et le marché s’adapte gentiment.
Précisément, les solutions no-code peinent à supporter des déploiements à très grande échelle, typiques des applications grand public. Ainsi, elles atteignent rapidement un plafond de verre en termes de performance.
Pourtant, depuis l’année dernière, de nombreux acteurs proposent des abonnements ciblant les projets d’entreprise de taille moyenne à grande. C’est le cas de de Numit, qui a créé un outil de gestion scolaire basé sur Bubble (solution no code) supportant jusqu’à 500 utilisateurs simultanés.
Son fondateur Frédéric Mosland, valide sa capacité d’organiser pour les professeurs leurs formations, et la saisie des relevés de note. Quant aux élèves, ils peuvent y consultés leur planning et leurs résultats.
Idem pour Comet, une plateforme de freelances qui a longtemps fonctionné sous Bubble avant de migrer vers une solution codée ; prouvant que le no-code peut gérer des volumes importants.
Le problème des solutions no code pour des déploiement à grande échelle surgit lorsqu’ils sont tarifés sous forme de licences à l’utilisateur, explique Louis Adam, fondateur de l’agence Hyperstack.
Afin de faire face à ces défis, de nouvelles solutions no-code ont émergé avec des modèles de tarification basés non plus sur le nombre d’utilisateurs, mais sur des ressources comme la RAM (Random Access Memory) ou le volume de données, à l’instar de Bubble.
D’autres outils tels que Xano (adossé à PostgreSQL), WeWeb ou encore n8n offrent le meilleur des deux mondes : la simplicité du développement sans code combinée à une scalabilité quasi illimitée et des coûts mieux maîtrisés, répondant ainsi aux standards de l’industrie, pointe Louis Adam. À la différence des produits traditionnels Ces solutions peuvent même être hébergées en interne ou sur un cloud public, offrant une plus grande flexibilité.
Un autre défi qui se présente se trouve dans la nature même du no-code, qui basée sur des blocs préconstruits, peut parfois limiter la créativité et la personnalisation d’une application.
En effet, des plateformes populaires comme Airtable, Glide ou Softr peuvent vite atteindre leurs limites lorsqu’il s’agit d’adapter précisément le « look and feel » ou d’implémenter des fonctionnalités très spécifiques déplore Louis Adam.
Cependant, la flexibilité s’améliore ! Des outils comme WeWeb permettent d’intégrer des blocs de code ad hoc, offrant ainsi une personnalisation plus poussée de l’interface. Bubble, de son côté, va plus loin en permettant la programmation de plugins en Javascript, élargissant considérablement les possibilités de personnalisation. La plateforme propose également une vaste bibliothèque de centaines d’extensions préconfigurées.
Une autre approche consiste à utiliser des API pour déporter les traitements complexes vers des applications tierces. Bien que ces solutions « low-code » soient plus flexibles, elles peuvent aussi entraîner des coûts de mise en œuvre plus élevés en raison de leur complexité.
Pace maintenant à la principale contrainte du no-code ; elle réside dans la dépendance à l’écosystème de la plateforme choisie.
Une fois un projet lancé sur une plateforme no-code SaaS, il peut être difficile de s’en détacher, créant une dépendance à la fois en termes de données et de politique tarifaire de l’éditeur. Les entreprises sont alors soumises aux évolutions des prix et aux conditions d’utilisation du fournisseur. Pour cela, Louis Adam conseille « d’ajouter dès le départ une fourchette de budget supplémentaire pour éviter toute mauvaise surprise. Mais aussi de définir un cahier des charges précis visant à anticiper l’évolution en termes de nombre d’utilisateurs et de fonctionnalités qui peuvent vite faire monter la note ».
De plus, dans le cas d’une offre SaaS, le fournisseur reste propriétaire du code généré. C’est évidemment le cas de Bubble qui n’est déployable en local que dans sa version la plus haut de gamme à tarifs négociés
Pour contrer la dépendance propriétaire, des applications d’automatisation comme n8n adoptent un modèle « fair source », offrant une plus grande transparence et liberté par rapport à des solutions purement propriétaires.
La gestion des données conforme et sécurisée est également un point sensible, surtout avec des solutions majoritairement américaines.
La plupart des solutions no-code, hébergent généralement les données de leurs utilisateurs aux États-Unis, ce qui peut poser des problèmes de conformité avec les réglementations européennes comme le RGPD, notamment en raison du Cloud Act américain, selon lequel toute entreprise américaine doit donner accès aux données qu’elles hébergent, quelle que soit leur localisation, sur simple injonction de justice
Pour répondre à ce défi, des options existent pour une meilleure conformité. Les abonnements « Business » peuvent souvent permettre une localisation des informations en Europe. Cependant, la solution la plus robuste pour une pleine conformité au RGPD et une maîtrise totale des données est d’opter pour des outils qui peuvent être déployés en local, même dans leur version d’entrée de gamme. C’est le cas de WeWeb ou n8n, qui permettent aux entreprises de garder la main sur leurs données. Ces solutions sont également souvent plus abordables. Par exemple, n8n, en mode SaaS, est tarifé en fonction du scénario plutôt que de chaque opération, ce qui peut réduire les coûts de manière significative par rapport à d’autres alternatives.
Enfin, le dernier défit du no code en entreprise prend place dans le manque de méthodologie ; Si ses caractéristiques visent à simplifier le développement, cela ne dispense pas qu’il faut implémenter une approche structurée.
Mais l’accessibilité du no-code peut inciter des collaborateurs sans compétences techniques à se lancer sans une méthodologie de projet. Sauf que « sans méthodologie, on risque d’aboutir à des erreurs dans le développement, dans la mise en production ou dans les mises à jour. Comme un projet de développement classique, nous recommandons de mettre en place une analyse des besoins, un cahier des charges… » insiste Louis Adam.
Pour résumer, la solution est de combiner le meilleur des deux mondes !
La rapidité et l’itération du no-code avec la rigueur et la structure du développement classique, qui inclut la réalisation d’une analyse des besoins, la rédaction d’un cahier des charges, ainsi que la création de diagrammes de base de données et de maquettes.
En comprenant ces défis et en adoptant les approches adaptées, les entreprises peuvent pleinement exploiter le potentiel du no-code, rendant la création d’applications toujours plus accessible, performante et en adéquation avec les besoins spécifiques.